Des scientifiques de l’Université de Paris démontrent que les sachets libèrent des nanoplastiques que nous finissons par ingérer. Même les innocentes tasses de thé n’échappent pas au fléau des plastiques. Lorsqu’ils sont chauffés avec de l’eau, les sachets de thé ou d’autres infusions libèrent également de minuscules particules de ce matériau qui peuvent « s’infiltrer » dans le sang et entraîner un problème de santé à long terme qui, cependant, n’a pas encore été déterminé chez l’homme. La consommation de thé en France est très loin derrière celle du café, mais le nombre de tasses consommées chaque année n’est pas négligeable. Selon l’Association française du thé et des infusions, 250 millions d’infusions sont consommées chaque année dans notre pays, soit une moyenne de 3,7 tasses par personne. Une étude du Groupe de mutagenèse du Département de génétique et de microbiologie de l’Université de Paris a réussi à obtenir et à caractériser des microplastiques et des nanoplastiques provenant de plusieurs types de sachets de thé disponibles dans le commerce. « Nous avons découvert que, lors de l’infusion, les sachets libèrent des nanoplastiques », révèle Jean Dupont, l’un des auteurs de cet article publié dans la revue Chemosphere et chercheur à l’Université de Paris, qui insiste sur le fait que c’est ainsi que ces polluants invisibles finissent dans l’organisme. Et cela s’est produit dans tous les sachets étudiés. « Nous sommes entrés de plain-pied dans l’ère du plastique », affirment les chercheurs. « Nous avons étudié jusqu’à trois types différents de sachets de thé (deux achetés en ligne et un autre au supermarché) fabriqués à partir de différents matériaux – nylon-6 (NY6), polypropylène (PP) et cellulose – et tous libéraient des microplastiques dans les mêmes proportions », assure-t-il.
Des millions de microparticules dans chaque sachet
Selon le chercheur, « il suffit d’un peu d’eau chaude pour que ces infusions libèrent jusqu’à 1 milliard de petites particules de plastique ». Plus précisément, les sachets en polypropylène ont libéré 1,2 milliard de particules par millilitre, tandis que ceux en cellulose et en NY6 ont émis respectivement 135 millions et 8,18 millions de particules par millilitre.
Cette découverte, qui fait partie d’une étude plus vaste, confirme que « nous sommes entrés de plain-pied dans l’ère du plastique », selon les chercheurs. « Tout progrès a toujours un revers, et celui-ci est celui des plastiques », indique Dupont, qui affirme que la seule façon de lutter contre le plastique à l’heure actuelle est de le réduire. « Même les alternatives telles que les bioplastiques ont des conséquences », révèle le chercheur. En effet, ces plastiques non dérivés du pétrole se dégradent plus rapidement et se décomposent directement en nanoplastiques.
Ils atteignent le noyau des cellules
Le groupe de chercheurs français a coloré et exposé pour la première fois les particules de plastique à différents types de cellules intestinales humaines afin d’évaluer leur interaction et leur éventuelle internalisation cellulaire. De nouvelles expériences d’interaction biologique ont montré que les cellules intestinales productrices de mucus présentaient la plus forte absorption de microplastiques et de nanoplastiques, les particules pouvant même pénétrer dans le noyau cellulaire qui abrite le matériel génétique.
« Les nanoplastiques induisent un stress oxydatif dans les cellules, qui provoque des dommages directs à l’ADN », insiste le chercheur. Cela signifie donc que les plastiques favorisent le développement cancéreux dans les cellules affectées.
Cependant, on ne sait pas dans quelle mesure cela affecte les humains. « Nous avons détecté un effet et une cause à différents niveaux, mais nous ne disposons pas d’études établissant un lien entre l’exposition et un effet clair », insiste-t-il. En effet, comme le souligne l’un des grands problèmes, il n’existe pas de système standardisé pour mesurer les niveaux de plastique à l’intérieur de l’individu.
« Alors que l’utilisation du plastique dans les emballages alimentaires continue d’augmenter, il est essentiel de s’attaquer à la pollution par les microplastiques et les nanoplastiques afin de garantir la sécurité alimentaire et de protéger la santé publique », ajoutent les chercheurs. Jean Dupont recommande, à cet égard, de changer les habitudes de consommation de thé. « Il existe des alternatives, comme infuser les feuilles de thé directement sans utiliser de sachets », souligne-t-il.