- Enel ou B. American Tobacco séduisent les investisseurs avec des rendements supérieurs à 6 %
Dans un contexte où les bénéfices des sociétés cotées en bourse en Europe sont en baisse, certaines valeurs sont contraintes de réduire considérablement les bénéfices destinés à être distribués aux actionnaires. D’autres, en revanche, non seulement maintiennent leur engagement envers les investisseurs, mais augmentent également les sommes destinées au paiement des dividendes et atteignent des rendements supérieurs à 5 %. C’est le cas de Sanofi, Teleperformance, Imperial Brands, Rio Tinto, Unipol, Orange, TotalEnergies, Enel, British American Tobacco ou Saipem : les grandes « magiques du dividende » qui continueront à sortir de leur chapeau de l’argent pour les investisseurs alors que personne ne s’y attendait.
Dividendes inébranlables : ces 10 valeurs du Stoxx 600 qui paient (presque) quoi qu’il arrive »
La politique consistant à maintenir une politique de distribution des bénéfices inchangée malgré les difficultés actuelles du marché est l’un des principaux attraits de ces sociétés cotées à l’indice européen Stoxx 600. À titre d’exemple, cet indice devrait maintenir un rendement de dividende de 3,3 % en 2025, dans la lignée des années précédentes. Ainsi, le maintien de dividendes élevés, même si les bénéfices prévus pour 2025 sont aujourd’hui inférieurs aux prévisions du marché en début d’année, permet de maintenir l’attention sur ces entreprises et d’éviter à plusieurs d’entre elles d’aggraver leur chute en bourse. Ces dix valeurs bénéficient en outre d’une recommandation d’achat selon le consensus du marché recueilli par FactSet.
Le cas le plus frappant de la liste est celui de Saipem, filiale de l’italien Eni. La société illustre parfaitement la situation du secteur pétrolier et gazier européen : la faiblesse des prix du Brent et la perspective d’une offre de combustible supérieure à la demande mondiale réduisent les bénéfices des entreprises du secteur. Toutefois, rien n’indique à ce jour que cela affectera leur politique de rémunération des actionnaires.
La société, qui a publié ses résultats cette semaine, maintient son engagement de verser 300 millions d’euros de dividendes d’ici 2025 (qui seraient versés dès 2026), même si son bénéfice par action a été inférieur de 35 % aux prévisions des experts. Et le consensus du marché recueilli par FactSet estime que son bénéfice net pour cette année tombera à 435 millions d’euros, ce qui signifie que son taux de distribution (pourcentage du bénéfice destiné au paiement des dividendes) frôlerait les 70 %. La société norvégienne Subsea7 suit le même schéma que Saipem, mais comme les deux entreprises fusionnent (la société cotée issue de la fusion au cours du premier semestre de l’année prochaine s’appellera Saipem 7), seul le cas de la première est présenté. Ainsi, selon les estimations du marché, le rendement du dividende prévu pour tous les paiements à compter de 2025 serait de près de 6,5 % aux prix actuels.
Les fabricants de tabac sont un autre exemple traditionnel d’entreprises qui distribuent des dividendes élevés. C’est le cas de British America Tobacco ou d’Imperial Brands, avec des rendements de dividendes de 6,1 % et 5,5 %. L’activité des géants du tabac ne générera pas en 2025 des bénéfices supérieurs à ceux enregistrés les années précédentes. Philips Morris a effrayé les investisseurs cette semaine avec ses résultats trimestriels qui ont fait perdre 8,4 % de sa valeur rien que mardi. Toutefois, la société a réitéré son objectif de distribuer 5,4 dollars par action pour l’année en cours, ce qui serait supérieur aux distributions des années précédentes.
Philips Morris n’est pas cotée dans le Stoxx 600, mais British American Tobacco (valeur comprise dans le portefeuille géré par elEconomista.es Tressis Eco30) et Imperial Brands le sont. Ces deux dernières clôtureront également l’année 2025 avec un bénéfice inférieur aux prévisions pour 2025, sans que cela n’affecte la rémunération de leurs actionnaires. Elles distribueront toutes deux plus de la moitié de leur résultat net aux investisseurs sous forme de dividendes.
Enel et TotalEnergies sont les pétrolières intégrées qui figurent parmi les dix meilleures rentabilités par dividende du Stoxx 600 parmi les entreprises qui voient leurs bénéfices diminuer. Bien qu’il existe d’autres entreprises liées au pétrole avec des rendements supérieurs, surtout si l’on ajoute les rachats d’actions, toutes deux affichent des rentabilités supérieures à 6 % uniquement grâce aux dividendes.
TotalEnergies a clôturé ses résultats du deuxième trimestre cette semaine, et ceux-ci ont été moins bons que prévu. La chute du prix du pétrole a confirmé ce que les investisseurs attendaient déjà : une baisse des marges de raffinage et une chute de la demande. Ainsi, le bénéfice net s’est établi à 2,746 milliards d’euros, contre 3,668 milliards d’euros prévus par le consensus du marché recueilli par Bloomberg. Cela s’est traduit par un bénéfice par action de 1,18 euro, soit 27 % de moins que prévu.
Et pourtant, TotalEnergies maintient son dividende de 0,85 euro par action et un programme de rachat d’actions pour 2 milliards d’euros. Bien que le département d’analyse de Bankinter conseille de vendre dans l’ensemble du secteur en raison de sa vision négative du pétrole, il considère TotalEnergies comme « une société solide, avec une rentabilité élevée par dividende, un bilan sain et une diversification géographique ».
Enel, également liée au secteur de l’énergie, affiche un rendement du dividende à prix actuel de 6,6 %. De même, en cinq ans, elle a augmenté les fonds destinés à la rémunération des actionnaires de 7 % par an. L’analyste Patricio Alvarez estime que la situation de la dette de la société est suffisamment stabilisée pour accélérer sa politique de distribution des bénéfices, même si l’expert considère que cela se fera par le biais d’un programme de rachat et grâce à l’activité d’Endesa (société détenue à 70 % par Enel).
Secteurs historiques du dividende
D’autres secteurs comptent depuis longtemps des valeurs qui accordent une attention particulière à la redistribution des bénéfices. C’est le cas des sociétés axées sur l’investissement, telles que les entreprises de télécommunications, dont fait partie Orange, ou la société française Sanofi, qui appartient à l’industrie pharmaceutique.
Dans le secteur financier, Unipol est une autre société qui reste leader européen en termes de distribution des bénéfices, avec un rendement de 5 %. Ce n’est pas la société du secteur du Stoxx 600 qui affiche le meilleur rendement des bénéfices distribués par rapport à son cours actuel, mais elle figure parmi celles qui bénéficient d’une recommandation d’achat, selon le consensus du marché recueilli par FactSet.
Rio Tinto est une société minière qui a réussi à tirer profit des prix du cuivre et du lithium (minéraux essentiels à l’électrification des centres de données et des batteries de voitures électriques) ces derniers mois, malgré la faible demande de métaux ces dernières années en raison du ralentissement de l’activité dans des pays comme la Chine. Toutefois, la société maintient un rendement de dividende supérieur à 5,5 % avec la proposition de maintenir un taux de distribution compris entre 40 % et 60 %, ce qui représenterait 2,6 livres sterling par action (3,01 euros au taux de change actuel) à verser en 2025.
La croissance progressive du bénéfice net de Teleperformance permet à la société d’augmenter le montant qu’elle consacre au paiement des actionnaires. Après le versement effectué en mai de cette année, le consensus du marché recueilli par Bloomberg estime que la société pourra distribuer un dividende de 4,4 euros par action au titre de l’exercice 2025 et de 4,9 euros au titre de l’exercice 2026. Cela représenterait un rendement du dividende supérieur à 5 % pour ces deux exercices.